Il y 100 ans, dans le diocèse d’Avignon : janvier 1915

5 janvier 2015


Dans la première livraison de janvier 1915 de la Croix d’Avignon et du Comtat qui remplace la semaine religieuse, est publiée la lettre de Mgr l’Archevêque d’Avignon « à ceux de ses prêtres qui sont aux armées ». La lettre est datée du 26 décembre 1914. Il s’agit pour l’évêque de rejoindre paternellement ses prêtres, de ne pas les laisser seuls au cœur de Noël et alors qu’une nouvelle année va commencer sans que la fin du conflit puisse être raisonnablement envisagée. Par sa parole, sans irénisme, il veut les soutenir et les encourager.


L’évêque leur dit sa fierté de savoir que ses fils « font grandement leur devoir comme soldats et comme prêtres ». Même s’ils ont dû quitter leurs paroisses et leurs paroissiens, même si l’on aurait pu souhaiter que les prêtres fussent affectés au soin des malades dans les hôpitaux, il n’est plus le temps des regrets ou des discussions : « mieux vaut accepter le fait existant, en nous efforçant d’en tirer le plus de bien possible pour la France, pour les âmes et pour vous-mêmes ». L’évêque n’ignore pas combien cette situation doit être troublante pour beaucoup, mais là encore, il les encourage à dépasser ces oppositions : « Ministres de paix et de charité par vocation, le fusil et l’épée ne peuvent changer ce caractère sacré de votre personne et de votre vie ; et toujours, je dirais même, plus que jamais, il faut que l’on discerne en vous les hommes de l’Evangile et du sacrifice. ». Il est poignant de lire en quels termes ce pasteur plein de sollicitude les exhorte à vivre en prêtre en toute circonstance : « Soyez fermes, agissez en prêtre, et le triomphe de votre sublime mission plus qu’un témoignage rendu à Jésus-Christ et à son Eglise : il inaugurera justice et liberté ; et de vous, comme d’une semence d’apostolat et de sang, naîtront des générations chrétiennes fortement nourries aux doctrines et aux vertus de l’Evangile. La France est en train de faire du sublime ; vous y ajoutez encore : vous faites du divin ».



Par ailleurs, la semaine religieuse, au gré des courriers reçus, donnant des nouvelles de « nos aumôniers sur le front », on peut constater combien ces prêtres ne perdent jamais de vue le bien et le salut des âmes. L’un d’eux écrit : « voilà deux dimanches que je vais assurer le service religieux pour le régiment d’infanterie. Nous avons eu des offices splendides : messes de communion, grand’messe, vêpres, sermons (trois chaque dimanche). Il y a dans le régiment beaucoup d’Avignonnais et de membres du Cercle Saint-Jean. Ils sont charmants et très pieux ; le samedi soir, ils ne manquent pas de se confesser pour communier le lendemain. Parmi ces jeunes gens, il y a des artistes ; ils nous ont chanté un Panis Angelicum et un Ave Maria de toute beauté, accompagnés par l’harmonium et le violon.



Le numéro 3 du 17 janvier 1915 retrace en quelques lignes les paroles du panégyrique de Sainte Geneviève par Mgr l’Archevêque, et conclut en disant : « Monseigneur nous a tracé, en grandes lignes, l’histoire du culte de sainte Geneviève au cours des âges, ses interventions miraculeuses qui, à l’heure des périls nationaux ou des calamités publiques, nous ont donné le salut et la victoire. Que faut-il de plus (…) pour que nos âmes se renouvellent dans les sentiments d’une inaltérable confiance en la Providence qui veut calmer nos douleurs et préparer le triomphe. ». Faire le panégyrique de sainte Geneviève et se confier à son intercession pourraient n’apparaître au premier abord que comme de « belles paroles », mais au-delà, il y a le témoignage d’une confiance pleine d’espérance, le choix de ne pas se laisser aveugler par les épreuves du moment, et de garder les souvenir, la mémoire des victoires passées. Ce qui a été possible une fois, peut l’être à nouveau !