Il y a 100 ans dans le diocèse d’Avignon : juillet - octobre 1916

31 octobre 2016

Après une longue interruption, nous reprenons le cours de notre modeste chronique qui n’a d’autre but de garder vivant le souvenir de ceux qui nous ont précédé.
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L’Œuvre diocésaine des Orphelins de guerre

Le premier anniversaire de la fondation de l’Œuvre diocésaine des Orphelins de guerre est célébré le 9 juillet 1916 en l’archibasilique métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms. «  Notre vénérable église métropolitaine avait revêtu ses plus beaux atours... de nombreux drapeaux aux couleurs nationales et alliées, disposés avec goût, réjouissaient les yeux par leurs notes éclatantes et variées  ».
Monseigneur l’Archevêque voulait que cette fête fût resplendissante et une assistance nombreuse y vint. A la messe du matin, à 7 h, il y avait plus de 500 enfants des collèges, pensionnats, écoles libres et patronages d’Avignon, accompagnés de nombreux parents «  qui imploraient la miséricorde divine sur notre patrie  ». L’après-midi, à 4 heures et demi, la foule était encore plus nombreuse pour les vêpres.

L’abbé Méritan, directeur de l’Œuvre, a lu le rapport sur cette œuvre qui «  à peine née, donne de bien consolants résultats  ». Les donateurs sont nombreux, et parmi eux s’est distinguée la paroisse de Saint-Siffrein de Carpentras. Grâce à ces dons, l’Œuvre a pu assurer des secours pécuniaires, des scolarités, attribuer des allocations extraordinaires à hauteur de 11000 francs.

«  Monseigneur l’Archevêque monte en chaire pour donner à cette fête si touchante les encouragements de son cœur d’évêque et de père  ». Depuis le début de la guerre, le diocèse d’Avignon, dit-il, a commencé deux poèmes : celui du Vœu qui doit construire une église votive en l’honneur du Sacré-Cœur, et celui des Orphelins de guerre. Il a une attention toute particulière pour les mères, leur rappelant leur responsabilité d’éducation humaine et citoyenne, et leur devoir de transmission de la foi au sein de la famille.


Monsieur le chanoine Jules Méritan. Né en 1868 à Bordeaux, et ordonné prêtre en 1891, il fut vicaire à St-Symphorien (1893), recteur à Villars (1903), puis à Châteauneuf-du-Pape (1904), ensuite curé-doyen de Sault (1908), puis curé de Saint-Ruf (1912), distingué du titre de chanoine honoraire (1913), il acheva sa vie sacerdotale comme archiprêtre de Notre-Dame, à Orange où il est décédé en 1949.

Bulletin du diocèse d’Avignon

Avec la publication du numéro du 30 juillet 1916 reprend l’édition ordinaire du Bulletin du Diocèse. En effet, depuis deux ans cette publication avait été interrompue avec le début de la guerre, d’une part parce que les services d’imprimerie avaient été paralysés, et d’autre part à cause de la mobilisation de nombreux prêtres faisaient défaut. «  On se berçait de l’espoir que l’interruption serait de courte durée  », et la Croix d’Avignon devint pour un temps indéterminé l’organe officiel de l’Archevêché.

Le numéro 1 du Bulletin du Diocèse d’Avignon, prend désormais la suite de la Semaine religieuse, sous la forme d’un supplément à l’édition de La Croix d’Avignon.

Page de couverture du 1° numéro du Bulletin du Diocèse d’Avignon


La cause de béatification des 32 religieuses guillotinées à Orange en 1794

Le 25 juillet Monseigneur l’Archevêque annonce avec joie aux fidèles que Rome a approuvé l’introduction de la cause de béatification des religieuses guillotinées à Orange. Monseigneur l’Archevêque est plein de confiance, puisqu’on «  dit à Rome que la Cause est magnifique, plus belle que celle des 16 Carmélites de Compiègne... L’Eminentissime cardinal Vanutelli, ponent de la Cause, a bien voulu nous dire ’qu’il s’en est vivement épris’, tant elle est séduisante, sublime, riche en héroïsme et en vertus  ».

«  A nous, surtout, de nous en réjouir et d’en être fiers.... Encore une fois, mes Frères, réjouissez-vous et remerciez Dieu. Parmi ces vaillantes et admirables Filles, il y en a qui portèrent votre nom : elles sont vôtres, elles sont au diocèse tout entier. Nous aurons en elles des protectrices et des modèles : demandons au Seigneur qu’il lui plaise de les élever au plus tôt sur les autels. Aujourd’hui notre chère patrie est en proie à toutes les horreurs de la guerre étrangère  ; demain peut-être, elle sera livrée aux hasards plus périlleux des luttes intestines : l’heure est propice à l’exaltation des 32 héroïnes qui versèrent leur sang pour témoigner de leur double fidélité aux engagements de leur baptême et aux traditions de leur pays.  »

Couverture de l’opuscule de Monsieur l’abbé Vaysse, publié en 1906 sur les religieuses martyres


Nos prêtres et nos séminaristes soldats

Ce titre est celui de la nouvelle rubrique du Bulletin du Diocèse, qui a pour but de donner des nouvelles des soldats : affectations, permissions, blessures, convalescences, citations, décorations, captivités.

L’abbé Clément, qui au milieu de ses tribulations n’a rien perdu de «  sa belle humeur  », adresse un rapport ironique d’une journée de l’infirmier Clément (classe 1889) :

«  Il a passé la journée du 15 août de la façon suivante : 1° messe à 4 heures du matin, sur des caisses, dans une baraque  ; 2° corvée de quartier en compagnie d’un copain puni de 8 jours de salle  ; 3° entrée de couvertures en magasin  ; 4° corvée de débardeur à la gare : caisse de 450 kilos et 12 colis divers à charger sur deux camions  ; 5° dîner (gamelle)  ; 6° sieste  ; 7° à 1 heure, appel  ; 8° terrassement : pelle, pioche et brouette jusqu’à 5 heures et demi (en plein soleil)  ; 9° souper et visite au S. Sacrement dans la chapelle des Maristes (toutes les autres églises étant fermées), une heure de marche  ; 10° coucher, à moitié mort.

Le dit infirmier a fredonné tout le jour le Gaudeamus omnes, insistant avec une légère pointe d’amertume sur le Diem festum celebrantes...  » (texte de l’Introït de la messe de l’Assomption).


Monsieur le chanoine Julien CLEMENT, né en 1869 au Crestet. Après son ordination en 1893, il fut professeur au Petit Séminaire de Sainte-Garde, puis vicaire à Saint-Symphorien (1900), directeur de la Maîtrise (1901) et en même temps aumônier des Pénitents Gris (1907) et directeur de la Semaine Religieuse (1908). Ensuite, après avoir été directeur des Œuvres (1910) et distingué du titre de chanoine honoraire (1912), il fut, au retour de la Guerre, curé de l’Observance à Carpentras (1918) puis de Saint-Pierre d’Avignon (1925). Il est décédé le 24 mars 1937.


Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste diocésain