Il y a cent ans dans le diocèse d’Avignon – décembre 1915

6 décembre 2015

La Saint Siffrein à Carpentras :

La première livraison du mois de décembre de la Semaine religieuse s’ouvre par un compte-rendu de la visite de l’Archevêque à Carpentras. C’était pour lui, d’une part, l’occasion de célébrer solennellement la fête de Saint Siffrein, et d’autre part, le lendemain, de présider la retraite trimestrielle des prêtres de l’arrondissement de Carpentras.

« Suivant l’usage traditionnel, l’insigne relique de la Passion, que l’Eglise de Saint-Siffrein garde religieusement et qui fut toujours efficacement vénérée à Carpentras, aux jours de grandes calamités, était solennellement exposée », et le soir de la fête, la foule à nouveau assemblée venait entendre Monseigneur l’Archevêque qui présenta Saint Siffrein comme un modèle de patriotisme. Si saint Siffrein fut d’abord un homme de Dieu et un homme de prière, et loin de le couper du monde, des hommes et de la cité, il fut, comme de nombreux évêques pour la France, un des « principaux ouvriers de sa constitution nationale ». « Il suppliait le Souverain Maître des nations et de cités de verser sur son pays les meilleurs bénédictions du ciel ». L’exemple qu’il nous donne est que la prière du « patriote » ne peut être « restreinte à de simples requêtes pour nos intérêts personnels », mais doit être une prière d’adoration qui « qui sache reconnaître le suprême domaine du Créateur sur sa créature », une prière de gratitude « qui fait tressaillir nos cœurs au souvenir ému des faveurs dont la Patrie a été de tout temps miséricordieusement enrichie », c’est sur ces fondations que notre prière peut être une prière de demande pour demander « la paix par la victoire, (…) l’union sacrée de citoyens et le retour de la nation à ses glorieuses traditions chrétiennes. »

« Saint Siffrein, patriote dans le grand devoir de la prière, le fut aussi dans l’action intense au service de son pays ». Il est honoré du titre d’ami et de défenseur de la cité, par son dévouement, le don de sa personne au cœur des invasions barbares, des guerres et divisions intestines, des mœurs grossières et des calamités publiques. C’est aussi par l’exemple, et non seulement par la parole que Saint Siffrein a prêché, enseigné et pris soin de son peuple. Citant Bossuet, Monseigneur commente : « ce n’est pas assez de pleurer les maux de son pays, il faut exposer sa vie pour son service ».

Le lendemain de la fête, la retraite s’est ouverte par une méditation devant le Saint Sacrement au Carmel de Carpentras, puis il y eut une conférence de l’Archevêque avant le déjeuner « repas en commun comme expression de l’esprit familial qui règne dans le clergé diocésain uni à son Archevêque ». La causerie de l’après-midi était consacrée à l’œuvre des vocations sacerdotales.


La neuvaine de l’Immaculée à la Métropole

Avec le début du mois de décembre, Avignon – la ville, certes, mais aussi tout le diocèse – entre dans la grande neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception. « on dirait une sorte de Magnificat merveilleux, dans lequel, aux notes de l’allégresse filiale envers la Très Sainte Vierge, s’entremêlaient cette année, hélas ! celles de la tristesse et de la douleur ».

Cette année-là, la neuvaine fut prêchée par le R.P. Baragnon, un dominicain. A la prédication du matin, d’une manière plus familière il expliquait les dévotions populaires au Sacré Cœur ou commentait quelque aspect des fleurs mystiques de Marie.

Pour la prédication du soir, dans un langage « aussi instructif que touchant » - selon l’Archevêque -, il a montré en Marie la reine des vertus : aussi bien les vertus de foi, d’espérance et de charité, que les vertus morales de pureté, d’humilité, de force. « Quelle attention de l’esprit et quel silence planait dans l’auditoire pour suivre la trame de discours aussi sérieux et même savants ».

Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste diocésain