Autrefois dans le diocèse d’Avignon - Janvier

2 janvier 2021

Saint François de Sales à Avignon

Le 24 janvier, nous célébrons la mémoire de saint François de Sales. S’il est décédé le 22 décembre 1622 à Lyon, le jour de la fête des saints Innocents, il est fêté le 24 janvier, au jour anniversaire de la translation de son corps de Lyon à Annecy, en 1623. Dans le calendrier de la forme extraordinaire du rite romain, il est célébré au 29 janvier.

Saint François de Sales, collection privée

Le pape Alexandre VII (1599-1667) écrivait à un membre de sa famille qui était prêtre : « Faites toujours, je vous en prie, de François de Sales vos amours et vos délices, soyez son lecteur assidu, son fils obéissant, son imitateur fidèle…c’est qu’à l’exemple du Sauveur, il a commencé par faire et ensuite à enseigner, de sorte qu’il semble qu’on lise sa vie en considérant ses conseils, et que, l’ayant vu d’abord donner l’exemple, on trouve ses préceptes plus faciles à pratiquer… »

Or, en novembre 1622, saint François de Sales, un mois avant sa mort, était de passage à Avignon. L’abbé Paulin Giloteaux dans son ouvrage Le vénérable César de Bus (Le Scorpion, 1961) évoque une anecdote concernant son séjour.

En effet, saint François de Sales avait une grande vénération et estime pour le père César de Bus. Or, ce dernier est mort le 15 avril 1607 et fut inhumé dans l’église de Saint-Jean-Le-Vieux (sur l’actuelle place Pie). Saint François de Sales voulut célébrer la messe à l’intention de César de Bus. Comme il était convenable, il aurait dû revêtir des ornements noirs pour la messe des défunts, or il refusa ceux qu’on lui présentait et en demanda des blancs - que l’on utilise pour les fêtes, et en particulier celles des saints qui ne sont pas martyrs. Il aurait dit : « Je veux dire la messe des Confesseurs (de la foi) ! Le Père César de Bus était un saint et je tiens à remercier le Seigneur des grâces qu’il lui a accordées ».

Gravure de César de Bus tirée de l’ouvrage la Vie du vénérable César de Bus, par le RP Pierre Du Mas, Paris 1703 (Bibliothèque patrimoniale des archives)

L’œuvre de Saint François de Sales

Lorsqu’on parcourt les fonds d’archives paroissiaux, apparait souvent dans les registres des œuvres, la mention de celle de Saint François de Sales.

Dans son manuel de piété à l’usage des fidèles d’Orange édité en 1897, l’abbé Siméon Bonnel, prêtre de Notre-Dame-de-Sainte-Garde, consacre le chapitre II de la troisième partie aux œuvres de charité, et à celle qui nous intéresse à partir de la page 381.


Page de couverture, collection privée

Cette œuvre est née en 1857, par la volonté du Pape Pie IX, avec pour but de « préserver, de conserver, de ranimer la foi partout où elle est menacée par l’hérésie ou l’impiété » et selon les mots mêmes du pape cité dans l’ouvrage « une sorte de la propagation de la foi à l’intérieur ». La nécessité de cette œuvre est soulignée par le fait que « tout s’unit pour déraciner ou au moins ébranler la foi et dans nos villes et dans nos campagnes ». Quelle actualité !

L’œuvre se donne quatre moyens d’action :

  • la fondation et le soutien des œuvres d’éducation ;
  • la fondation et le soutien de bibliothèques paroissiales ;
  • faire prêcher des missions et retraites populaires dans les villes et les campagnes ;
  • soutenir les pauvres églises de campagne pour en éviter la fermeture et assurer le culte public.

Dans chaque diocèse, un directeur de l’œuvre est désigné, qui œuvre avec les sous-directeurs dans les doyennés, et les directeurs paroissiaux. Ces derniers désignent des zélateurs chargés de promotion de l’œuvre. Un bulletin mensuel est publié.

Pour faire partie de l’œuvre, il faut d’une part s’acquitter d’une cotisation d’un sou par mois (en 1897), et réciter chaque jour aux intentions de l’œuvre un ave Maria et l’invocation « Saint François de Sales, priez pour nous ! »

Mgr Bouchex et Saint François de Sales

Le 9 mai 2010, Mgr Bouchex nous quittait. On m’avait suggéré d’attendre l’anniversaire des 10 ans pour évoquer sa mémoire. Le temps passe, mais je profite de la date anniversaire de sa naissance, le 25 janvier 1927, et de la proximité de cette date avec celle de la fête de saint François de Sales, pour les associer dans un même élan. Il aurait eu 93 ans cette année.


L’abbé Raymond Bouchex, professeur

Après son décès, les archives personnelles de Mgr Bouchex ont été déposées aux Archives historiques. Ce sont celles qui l’ont suivi et qu’il a conservées jusqu’au bout. Elles sont essentiellement constituées de textes, manuscrits ou dactylographiés, qui rendent compte du riche ministère d’enseignement et de prédication de cet ancien professeur de séminaire devenu évêque. Parmi les souvenirs, et grâce à d’autres fonds, notamment celui du chanoine Jean-Noël Roux, quelques photos originales ou inédites sont intéressantes.


Domaine de Guerre
Mgr Mestre, Mère Anne-Sophie Veyrier, R.M. Rose-Joseph Tabardel, Mgr Bouchex

De 2002 à 2009, ce savoyard sera aumônier du Monastère de la Visitation, et si l’on trouve dans ses archives quelques textes spécifiques qui parlent de saint François de Sales, une série de conférences évoque cette figure, au cours de cette période : Saint François de Sales pasteur ; Saint François de Sales, un pasteur avant tout ; Saint François de Sales, Maître spirituel ; Saint François de Sales, humaniste, maître spirituel, pasteur ; Saint François de Sales parfait humaniste ; Saint François de Sales, maître spirituel.

Il écrit :

« Ne nous faisons pas d’illusion sur saint François de Sales, maître spirituel. Il est doux, mais de la douceur forte des béatitudes. Il est optimiste, mais de l’optimisme fondé sur la Croix du Christ. Il est humain, et même humaniste, mais de l’humain dont la grandeur vient de ce qu’il est à l’image de Dieu. Il sait aider les hommes à marcher à leur pas, mais pour qu’ils aillent toujours de l’avant. Il est exigeant, mais sans écraser ni briser. Il est docteur de l’amour, mais de l’amour qui ne se paie pas de mots. Il veut que tous les baptisés soient des mystiques, mais de la mystique des œuvres et de la vie, comme il le dit. Il accepte qu’il y ait des extases, mais au-dessus des extases de la contemplation et de l’affection, il place l’extase de l’existence quotidienne vécue dans l’amour ».

Les armoiries de Mgr Bouchex, au franc-canton aux armes de Savoie.