Autrefois dans le diocèse d’Avignon, en avril

2 avril 2021

10 avril 1871, consécration du diocèse au Sacré-Coeur

Dans son mandement de Carême, Mgr Louis-Anne Dubreil, pour introduire et préparer la consécration du diocèse et des paroisses au Sacré-Cœur, rappelait en ces termes les origines de cette dévotion : « Vers le milieu du dix-septième siècle, dans un Ordre aimé de Dieu et des hommes, parce qu’il est sorti de la pensée d’un grand saint, dans un des monastères de la Visitation, il arriva qu’une humble et pieuse fille, Marie-Marguerite, celle que Pie IX vient de déclarer bienheureuse, reçut une communication du ciel. Le Seigneur lui apparut et lui montrant son Cœur tout resplendissant, Il lui dit : Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, je veux qu’il soit l’objet d’un culte particulier, je veux que pendant l’octave du Saint Sacrement, le vendredi, jour de ma mort, il y ait par toute la terre une solennité en l’honneur de ce Cœur sacré ».

Apparition du Sacré-Coeur à Sainte-Marguerite-Marie.
oeuvre provenant de la Visitation d’Avignon, conservée à Notre-Dame-des-Doms

Le pasteur reconnait que cette dévotion eut ses détracteurs, parmi ceux « qui ont toujours cherché à mettre des bornes à la miséricorde de Dieu », critiquant ce qu’ils considéraient comme une innovation. Or, écrit l’évêque, elle est « remarquable par son antiquité, Elle était dans la crèche avec Jésus-Christ, avec le Christianisme naissant, elle était à la table de la cène avec les apôtres sur le chemin du Calvaire avec Véronique ; elle était aux catacombes avec les vierges qui priaient, au cirque avec les martyrs qui les inondaient de leur sang ; elle était au désert avec les solitaires, quand leurs célestes aspirations en ravissaient le silence ; comme elle fut plus tard avec Augustin quand il s’écriait : Mon cœur, ô mon Dieu, ne trouvera la paix que quand il aura trouvé le vôtre ; comme elle fut avec saint Bernard quand il étanchait sa soif dans les plaies sacrées, en paraphrasant le cantique des cantiques ; comme elle fut avec le doux et incomparable Evêque de Genève ; comme elle fut dans tous les âges, dans tous les lieux, même sous la tente où les patriarches saluaient de loin les promesses de l’avenir ; comme elle fut partout où le cœur de l’homme a battu sous l’influence de celui de Dieu. Car la dévotion au sacré Coeur de Jésus… c’est le culte de l’amour ».

Il faudrait assurément relire et reprendre pratiquement l’intégralité de ce mandement de Carême qui est un admirable résumé, mieux une hymne au Sacré-Cœur, mais la place manquerait. Toutefois, écoutons encore cet homme de foi exposer les raisons qui le portent à consacrer le diocèse au Sacré-Cœur : « Dans ce siècle qui flotte à tout vent de doctrine, entourée de tant d’illusions, de tant d’erreurs, l’humanité a soif de vérité, elle a soif de la foi qui fait briller sur elles les clartés du ciel, et elle va au Cœur de Jésus, d’où sort une vertu qui la donne, au Cœur de Jésus, où on ne peut entrer avec le doute ; où on peut entrer incrédule comme Thomas ; mais d’où on ne sort jamais, si on s’est sérieusement appliqué à le comprendre, sans avoir reconnu sa divinité, sans y avoir trouvé Dieu, sans s’écrier comme ce soldat romain qui l’ouvrit le premier avec sa lance : c’était vraiment le fils du Très-haut ».

La consécration est fixée au Dimanche de Pâques, le 10 avril 1871, « pour appeler les bénédictions du Ciel sur Notre Diocèse ». Pour l’occasion, l’archibasilique métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms débordait de monde de toutes parts. La cérémonie s’est ouverte par la prédication du R.P. Bouffier, jésuite, évoquant la prédilection du Cœur de Jésus pour la France. « Le silence profond, on pourrait dire solennel, qui a régné pendant e sermon du P. Bouffier et l’allocution du docte Prélat a annoncé avec quel intérêt leur parole était accueillie et l’impression profonde et salutaire que les âmes ressentaient ».

Funérailles de l’abbé Mayrot, Semaine Sainte de 1921

Les blessures de la Grande-Guerre continuent à se faire ressentir. En effet, la Semaine Religieuse du 10 avril 1921 rend compte de la cérémonie des funérailles de l’abbé Mayrot qui s’est déroulée au cours de la Semaine-Sainte.

L’abbé Marie Joseph Paul Mayrot est né le 5 juin 1875 à Montpellier, et fut ordonné à Avignon le 17 décembre 1898. Avant d’être mobilisé pour la Grande-Guerre, il fut successivement vicaire à Courthezon, à Notre-Dame d’Orange en 1902, puis à Saint-Pierre dans Avignon en 1903. Il est mort pour la France, selon l’expression consacrée, le 12 avril 1918.

Or, ce n’est que le mercredi 23 mars 1921, que son corps fut rapatrié à Avignon et déposé dans la chapelle de l’ancien Grand-Séminaire Saint-Charles «  où ce confrère regretté avait passé sa jeunesse cléricale et consacré les prémices d’un talent musical remarquable au service de Dieu ». Ses funérailles ont été célébrées le Vendredi Saint à la paroisse de Saint-Pierre. « La cérémonie fut grandiose dans l’église paroissiale où Mgr l’archevêque entouré d’un grand nombre de prêtres, des Grand et Petit Séminaires et de la foule, récita sur l’humble bière drapée des couleurs nationales, les suprêmes prières de l’absoute. »

abbé Bruno Gerthoux
Archiviste et chancelier