Autrefois dans le diocèse d’Avignon, en octobre (1869-1971)

2 octobre 2021

L’abbé Gilles, missionnaire et confesseur de la foi du diocèse d’Avignon

Le 15 septembre 1865, l’abbé Pierre Etienne Amédée Gilles est envoyé en mission pour le Se-Tchoan oriental (Chine), après une année passée au séminaire des Missions Etrangères de Paris.

L’abbé Amédée Gilles est né le 1° avril 1829 à Valréas. Sur quatre enfants, deux seront prêtres et une, religieuse. Il était le petit-fils du fermier général des Simiane, qui s’est distingué pendant la Révolution française par son courage et son dévouement, notamment en donnant asile, au péril de sa vie, à de nombreux prêtres. Il avait accueilli, entre-autres, Mgr Valayer, évêque démissionnaire de Verdun.

Pierre Gilles
@Institut de recherche France-Asie

Son père, ancien officier du Premier Empire, après avoir été appelé sous les drapeaux, fit valoir ses droits à la retraite en 1836. L’abbé Gilles n’avait que 7 ans. Son frère aîné étant déjà attiré par la carrière ecclésiastique, leur père pensa orienter le second vers la carrière des armes. Les choses étaient bien avancées, puisqu’il avait obtenu l’admission de son fils au Prytanée de la Flèche. Toutefois, l’enfant déclara nettement à ses parents qu’il voulait entrer dans l’état ecclésiastique.

Les Frères des Ecoles Chrétiennes s’établirent à Valréas et le jeune Gilles manifesta son désir de fréquenter cet institut ; l’année suivante, il entrait à leur noviciat de ces religieux instituteurs à Avignon. Son noviciat achevé, il enseigna à Nîmes, Morières, Orange, La Ciotat et Marseille.

En 1851, il rejoignit son frère, vicaire à Lapalud, afin de poursuivre ses études ecclésiastiques, et entra au Grand Séminaire d’Avignon en 1854. Il fut ordonné prêtre à Avignon le 18 juin 1859 et fut d’abord professeur au Petit Séminaire d’Avignon, puis en 1862, à sa demande, il fut nommé curé de Savoillans. Ensuite, Monsieur Pons, vicaire de Pernes, voulant fonder un pensionnat ecclésiastique à Valréas, fit appel à son dévouement.

Cela ne dura pas longtemps, car à la fin de l’année 1864 il entrait au séminaire des Missions Etrangères de Paris, fondées par un avignonnais. En effet, c’est le Père Alexandre de Rhodes (1591-1660), missionnaire jésuite d’Extrême-Orient, et né à Avignon, qui eut l’initiative de la fondation des Missions Etrangères de Paris. Après plusieurs séjours en Asie, il avait convaincu le pape Alexandre VII d’envoyer des évêques français volontaires afin de permettre la création d’un clergé autochtone bien formé, tout en s’adaptant aux mœurs et coutumes du pays. Les Missions Etrangères étaient créées en 1658.

Lors de son embarquement au port de la Joliette à Marseille, s’il était accompagné de son frère, l’abbé Louis Gilles, curé de Maubec ; il était aussi précédé par l’exemple d’autres compatriotes : les pères Rhodes et Lefèvre, d’Avignon, les abbés Wildors, d’Orange, Guigue, d’Avignon, Mgr Florens, de Lagnes et Mgr Ferréol, de Cucuron.

Arrivé en Chine en 1866, il est chargé de plusieurs districts de la mission du Su-Tchuen oriental, puis devint professeur au séminaire de son évêque, à la Maison de Dieu. Au mois de décembre 1868, apprenant le manque de sujets pour la mission de Koui-Tcheou, il s’offrit à Mgr Faurie qui l’envoya à Tsen-y-Fou.


Pierre Gilles en 1869
@Institut de recherche France-Asie

Or, la persécution contre la religion chrétienne vient d’éclater sur plusieurs points du Céleste-Empire, et le 14 juin 1869, selon le récit d’un missionnaire, « les païens se sont rués sur les établissements de la Mission dans la capitale de la province (de Koui-Tcheou) ; plusieurs chrétiens ont été blessés grièvement ». L’abbé Gilles fait partie des victimes. Il fut saisi par les émeutiers, dépouillé de ses vêtements, battu et traîné par la ville. Le sous-préfet du lieu l’a soustrait à ses bourreaux et mis en sureté, avec deux de ses confrères en sa sous-préfecture. Il meurt toutefois de ses blessures le 13 août 1869 à Kouy-yang. Inhumé d’abord dans le jardin de la mission, son corps est transféré au mois d’août 1871 dans le cimetière de la mission, sur la colline Tse-ki-pa, non loin de Kouy-yang. A l’annonce de sa mort, son frère, curé de Maubec, écrit « je n’ai point prié pour lui à la nouvelle de sa mort ; après avoir accordé à la nature ce qu’elle réclamait, j’ai essuyé une larme et de concert avec un de mes vénérables confrères, M. Pègue (de Cavaillon), qui était venu assister avec moi Monsieur l’abbé Giélly mourant, j’ai récité le Te Deum, remerciant Dieu d’avoir choisi dans ma famille un martyr et un saint ».

Le Synode diocésain de 1921

La Semaine Religieuse du Diocèse datée du 9 octobre rend compte de la célébration du synode diocésain, convoqué par Mgr l’Archevêque et qui s’était ouvert le 20 septembre précédent. Les membres du Synode suivaient en même temps les exercices de la retraite pastorale.

Le Synode s’est ouvert par la messe synodale célébrée solennellement par le Vicaire Général, Mgr Estellon, puis au chant du Veni Creator tous se sont rendus à la salle des séances en procession.


Mgr Estellon, vicaire général
@Archives historiques du diocèse d’Avignon

La chronique de la Semaine Religieuse rappelle la signification du mot : « voie spéciale, vois sainte par laquelle nous nous acheminons ensemble vers une fin commune, l’accord que nous mettons entre certaines de nos idées ou doctrines, et les moyens que nous déterminons pour en assurer la pratique ». Depuis 70 ans, aucun synode n’avait été célébré dans le diocèse d’Avignon, sans doute limité par les articles organiques du Concordat.

Quatre commissions avaient été chargées par l’Archevêque d’étudier les questions sur un plan élaboré par la Commission générale. Celle-ci a ensuite revu, résumé, amendé les diverses propositions et leur a donné une forme canonique. C’est ce document qui est proposé à la consultation des membres du Synode, et l’évêque déclara, après les avoir encouragés à exprimer en toute liberté leur pensée, « vous avez l’expérience : votre vie est un tout qui a été vécu, qui a vu, entendu, réfléchi, qui a eu ses joie set ses peines, ses rêves de bien, ses espoirs et ses déceptions ».


Armories de Mgr Lattay
@Archives historiques du diocèse d’Avignon

Et l’archevêque de conclure : « J’espère fermement que vous serez d’autant plus jaloux d’observer nos statuts, qu’ils sont pour une bonne part, votre œuvre ; c’est là un motif majeur – vous les avez acceptés ; on y a répondu à vos questions ; on y a fait droit à vos remarques. Ils sont donc à vous, et ils sont notre œuvre tous. ». L’assemblée s’achève dans le chant du Te Deum.

Le Synode romain de 1971

En octobre 1971 s’ouvre à Rome un important synode des évêques qui rassemblera deux cents évêques du monde entier, pour répondre à l’appel du Saint-Père sur les thèmes de la Justice dans le monde et du Sacerdoce ministériel.

Mgr Polge souligne que cette démarche, pour la première fois, a bénéficié « d’une large consultation du Peuple de Dieu ». Il appelle les fidèles à la prière, « avec confiance et ferveur », parce que ce n’est pas « une réunion simplement humaine ». Il encourage chacun à s’informer sur les travaux, sans se contenter « de quelques articles à sensation qui nous détournent de l’essentiel ». Enfin, il exhorte les chrétiens de son diocèse à se préparer à accueillir ces orientations, par une « conversion véritable qu’il nous faut consentir joyeusement ».


Mgr Polge @Archives historiques du Diocèse d’Avignon

 Le numéro 18 du Bulletin Religieux du Diocèse donne le compte-rendu des réponses des prêtres de France au document préparatoire. Pour le diocèse d’Avignon, le Conseil presbytéral avait chargé la Commission du Clergé de recueillir les réactions des confrères. Cette contribution avait été transmise à l’équipe nationale et fut travaillée avec toutes les autres, par les évêques délégués au Synode.

Ce document, après avoir réaffirmé ses convictions sur le sacerdoce ministériel et quelques questions soulevées par la situation du moment, met en exergue quatre points importants : le célibat, le travail professionnel, le prêtre et la politique, enfin, la vie spirituelle du prêtre.

Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste du diocèse d’Avignon