Il y 100 ans, dans le diocèse d’Avignon : septembre 1914

22 septembre 2014


Dans l’édition de la Croix d’Avignon et du Comtat du 8 août 1914, il est précisé « jusqu’à nouvel ordre, la Croix d’Avignon et du Comtat remplacera la Semaine Religieuse pour les communications officielles de l’Archevêché ». Une telle mesure était justifiée pendant la période des conflits, et les communications officielles se sont limitées à l’essentiel : l’annonce des prières publiques, les nouvelles du clergé Vauclusien à la guerre, mais aussi un résumé des instructions de l’archevêque qui apportent « les consolations et les lumières dont nous avons un si grand besoin ».

Monseigneur l’Archevêque évoquant en chaire, à la métropole Notre Dame des Doms, la Providence, n’élude pas les objections : « Où est-elle, à cette heure de douleur, cette Providence si belle et si paternelle ? » et de conclure « au milieu de nos épreuves nous entrevoyons la victoire finale, à travers nos angoisses présentes nous avons le pressentiment de la joie à venir, au-dessus des horizons sombres, du sein même de nos sacrifices et de nos douleurs nous restons assurés des bénédictions du Christ qui aime les Francs ». Dans quelle aventure était-on engagés ? Dans l’édition du 20 septembre, l’archevêque annonce « sûrement l’aurore de la victoire si ardemment désirée apparaît à l’horizon. Assurément, personne n’imaginait que le conflit durerait si longtemps.

Le chroniqueur évoque « l’admirable élan du clergé français » : « A l’heure actuelle vingt mille prêtres séculiers sont sous les drapeaux, non pas seulement comme infirmiers ou brancardiers, mais comme soldats. Les religieux chassés de France, non contents de la servir par leur dévouement et leur influence sont accourus pour la servir par les armes et ils ont forcé l’admiration du ministère des affaires étrangères dans un communiqué officiel ». « Dans notre petit diocèse soixante cinq prêtres sont actuellement soldats. Onze élèves du Grand Séminaire ont rejoint leur corps.

Ce sont précisément des nouvelles de ces prêtres au combat que l’on donne : l’abbé Bagnol, vicaire à Bollène et originaire de Mazan, sergent au 4° colonial, blessé le 26 août, que l’on avait prématurément annoncé pour mort ; l’abbé Audibert, des Valayans, blessé à la jambe et à l’épaule ; l’abbé Jules Pinet, de Pernes, qui bien que blessé à la jambe, traverse un canal à la nage, « soutenant un camarade plus meurtri que lui » ; et l’abbé Vial, de Lapalud et caporal au XIV° Chasseurs.

Le récit que ces clercs font de ce qu’ils ont vécu est parfois retranscrit. Ainsi, l’abbé Vial décrit ce qu’il doit « à quelque diable d’Allemand qui a jugé bon de m’envoyer – écrit-il -, dès le surlendemain de mon arrivée, deux balles dont l’une m’a traversé un partie du bras droit, et l’autre est venue se loger dans la bouche » et d’ajouter, un peu plus loin, non sans humour « quant à la balle qui m’a atteint à la bouche, elle m’a seulement troué la joue droite et enlevé prestement une dent qui d’ailleurs était cariée (extraction sans douleur ) ».

L’abbé Bagnol, à son arrivée dans son régiment, « avait tenu à rester une journée entière en soutane au milieu des autres soldats, pour leur faire savoir qu’il y aurait un prêtre au milieu d’eux sur le champs de bataille. (…) Son régiment alla des premiers au feu. (…) Je prie le Bon Dieu, écrivait-il, de nous donner, non pas ce que nous méritons, mais une victoire définitive qui sera l’aurore d’une nouvelle ère de prospérité pour les catholiques de France….J’ai la consolation de donner beaucoup d’absolutions sur les divers champs de bataille…je n’ai pas beaucoup de vertus guerrières, mais cette consolation et cet espoir de faire du bien me donnèrent en maintes circonstances du cœur et de l’élan ».



Chanoine Daniel Vial, né à Montrond (Savoie) le 1er mars 1890, puis établi à Lapalud.
Ordonné prêtre à Avignon le 29 juin 1920.
Vicaire à Bollène en 1920, puis à Notre Dame d’Orange en 1923 et enfin à Saint Agricol en 1926.
Curé de Cairanne en 1935, de Camaret en 1936.
Econome du Grand Séminaire en 1941.
Curé-Doyen de Pernes en 1942 ; curé-archiprêtre de Notre Dame d’Orange en 1949, et chanoine honoraire la même année.
Décédé à Lyon le 5 mars 1961.

Abbé Bruno Gerthoux

Archiviste Diocésain