Il y a cent ans dans le diocèse d’Avignon - janvier 1918

22 janvier 2018

Les fondateurs de Saint-Garde



En ce mois de janvier 1918, le bulletin diocésain du diocèse d’Avignon rend compte de la cérémonie qui a eu lieu à Saint-Didier, le dimanche après l’octave de l’immaculée Conception.

En présence d’une nombreuse assemblée et de nombreux prêtres les cœurs de MM Bertet et de Salvador, ainsi que la main de M. Richaud, étaient installés dans l’église paroissiale de Saint-Didier, à côté des restes de M. Alexandre Martin, tout proche de la tombe des missionnaires de Sainte-Garde «  morts pour la plupart en odeur de sainteté  ».

Alexandre Martin, né et baptisé à Robion, le 9 juin 1630, y célébra aussi sa première messe le 9 juin 1654. L’évêque de Cavaillon qui l’avait ordonné, appelé au siège de Carpentras, lui demanda d’assurer la charge de la paroisse de Saint-Didier, où sa signature apparait dans les registres de baptême dès le mois d’octobre 1657. C’est dans cette paroisse où il est mort le 13 juillet 1703, qu’il eut l’inspiration de fonder la congrégation de prêtres missionnaires de Notre-Dame-de-Sainte-Garde, dans l’esprit des religieux minimes de Saint-François-de-Paule. Le 8 décembre 1699, avec MM. Laurent-Dominique Bertet, Raymond Masely et Esprit de Benoit, ils se consacrèrent à l’Immaculée, et c’est ainsi que prit vie cette congrégation dont M. Martin était le précurseur. Ils furent rapidement rejoints par M. Joseph-François de Salvador ordonné prêtre le 21 mai 1701.
Si M. Martin fut le fondateur de la première chapelle de Sainte-Garde, et le précurseur de la congrégation. Ce titre de précurseur est celui qui est inscrit dans la pierre qui signale sa tombe dans l’église de Saint-Didier. Et c’est en effet non seulement ce qu’il a fait, mais aussi ce qu’il a été comme prêtre qui fut pour la congrégation «  le précieux héritage de ses vertus  ». M. Bertet fut le premier supérieur de la congrégation. M. de Salvador, confesseur de M. Martin, et deuxième supérieur de la congrégation, fut aussi celui qui organisa et structura la congrégation en la dotant d’un cadre canonique.

Pour modeste qu’elle fût, cette congrégation donna et forma de grands hommes d’église, et se distingua dans toute la Provence, par ses missions. Aussi, comme l’atteste le bulletin diocésain, «  cette cérémonie continuait d’ailleurs à travers déjà deux siècles les manifestations de vénération que peuples et clergé se sont plu à faire à la pensée de ces hommes de Dieu, si puissants instruments de bien pour notre diocèse  ».


L’abbé Martin avait été inhumé dans le sanctuaire de la première chapelle de Sainte-Garde, construite de ses mains, et bénie le 9 juin 1666. MM Bertet et de Salvador, avaient aussi été inhumés dans la chapelle agrandie par la suite, mais toujours à l’emplacement de la première chapelle. Avec les troubles qui ont meurtri la France à la fin du XVIII°s, et les péripéties de l’histoire tout au long du XIX°s et jusqu’aux épreuves de la séparation des églises et de l’Etat, les restes de ces fondateurs ont dû bien souvent être déplacés, cachés, protégés, mais toujours conservés avec respect et vénération. Ainsi, les cœurs de MM. Bertet et de Salvador furent un temps conservés par les Gardistes, refondés au XIX° s., dans leur maison d’Orange.


Avec cette cérémonie, il s’agissait de réunir à nouveau ces fondateurs, «  ils vivent encore ces cœurs dans l’amour qu’ils nous donnent, comme dans celui qu’ils nous inspirent  ».

Abbé Bruno Gerthoux