Il y a cent ans dans le diocèse d’Avignon : mai 1916 – Le brancardier Théolas

2 mai 2016

Nouvelles religieuses :

Parmi les nouvelles religieuses à relever pour ces mois d’avril et de mai 1916, il faut noter la citation du brancardier Théolas, de la 121° division cité à l’ordre du jour de la division. Par une citation à l’ordre du jour, en l’occurrence de la division, il s’agit de signaler un acte de valeur (bravoure, respect des consignes, attaque réussie, attaque ennemie repoussée, exemple donné…). En effet, le brancardier Théolas : « Au cours d’un bombardement violent, a accompagné volontairement au point de jonction une automobile demandée pour un blessé grave et malgré la continuité du feu, sur un chemin balayé par des obus de gros calibre, est monté à la position de batterie pour venir chercher le blessé ». Celui qui deviendra plus tard curé de Sorgues et chanoine du chapître métropolitain de Notre-Dame-des-Doms, était l’aîné d’une fratrie de 7 enfants. Trois frères furent sur le front, et l’un d’eux, Gabriel, au moment de la citation du brancardier Théolas, était porté disparu.

Bien sûr, ce fait, pour modeste qu’il puisse apparaître au regard de tous les événements de la guerre, a touché plus particulièrement le diocèse d’Avignon, fier d’avoir l’un de ses siens qui se distingue par son sens de l’abnégation et du devoir. Mais au-delà encore, c’est significatif de l’implication du clergé dans la Grande-Guerre. Alors qu’il y avait 800 prêtres catholiques dans les camps prisonniers français en Allemagne (pour 17 ecclésiastiques allemands prisonniers en France), le gouvernement de Berlin avait proposé à Paris que les uns et les autres fussent libérés, à condition de ne pas reprendre les armes. Le gouvernement de Paris a refusé, mais « il est probable d’ailleurs, que les prêtres prisonniers, qui remplissent, auprès de leurs compagnons de captivité, un ministère auquel tous rendent hommage, eussent eux-mêmes refusé cette grâce comme ils ont déjà refusé d’être l’objet d’un traitement de faveur ». Ce n’est pas seulement une bienveillante extrapolation du chroniqueur diocésain, parce que partout les prêtres et religieux se distinguent par leur dévouement. Ainsi, parmi les 5 infirmiers qui sont décorés en ce mois d’avril 1916, 3 sont prêtres, et les citations à l’ordre du jour sont nombreuses. Parmi les membres du clergé, il y a aussi les évêques ! Après la mobilisation de Mgr Ruch, évêque auxiliaire de Nancy (né en 1873, il mourra en 1945 comme évêque de Strasbourg), et de Mgr Maury, évêque missionnaire au Sénégal (né en 1907 à Agen, il mourra comme archevêque émérite de Reims en 1994), on apprend celle du 3° évêque, en la personne de S. Exc. Mgr de Llobet, qui était alors évêque de Gap. En 1925 Mgr Urtasun deviendra coadjuteur de l’archevêque d’Avignon, avant de devenir archevêque titulaire de 1928 à 1957.

L’abbé Henri François Gaillard

Un courrier vient confirmer le décès de l’abbé Gaillard. Henri François Gaillard était né le 17 juin 1884 à Pailharès, en Ardèche. Il fut ordonné prêtre le 29 juin 1912 avec les abbés Bernard, Bérard et Chavanon. Il fut nommé vicaire de la paroisse de Malaucène le 15 juillet de la même année, avant d’être mobilisé et de mourir pour la France le 20 mars 1916. L’abbé Blanc, de la 24° compagnie du 261° régiment d’infanterie écrit « l’adjudant Gaillard, étant de quart, faisait son tour de ronde dans les tranchées de première ligne, quant, tout à coup, il fut frappé par une balle en pleine poitrine. C’était dans une nuit noire, à 2 heures de matin. Il eut encore le temps de faire quelque mètre en marchant et d’appeler un sergent qu’il venait de quitter à peine. Transporté au poste de secours, il fut pansé, un peu pour la forme, (car la gravité de la blessure ne laissait aucun espoir), par un brancardier prêtre franciscain, qui lui donna, bien entendu, les derniers sacrements. Il mourut quelques minutes après ». Il avait 32 ans, et il sera enterré sur place.

La vie à l’arrière du front

La mobilisation ne se limite pas aux hommes qui vont au front, les cœurs sont généreusement mobilisés à l’arrière. Ainsi les dons et intentions pour le Vœu de Guerre « pour la victoire et pour la paix » continuent d’arriver, chaque livraison du communiqué officiel du diocèse apporte sa liste de familles, paroisses, communautés, individus ou anonyme qui apportent leur contribution. Cette générosité se manifeste aussi par les quêtes faites au profit des églises dévastées des régions envahies.

Cette générosité dans les dons et dans la prière est nourrie une vie chrétienne authentique. Et les œuvres ne manquent pas pour soutenir cette ferveur chrétienne, en poursuivant leurs activités malgré la guerre : œuvre diocésaine des catéchismes, œuvre des vocations, œuvre de l’Apostolat de la prière, Légion Comtadine, archiconfrérie du Suffrage.

Le mois de mai est aussi un mois de pèlerinage à l’Archi-Basilique métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms. Toutes les paroisses, œuvres, confréries, associations, congrégations religieuses et maisons d’éducation se succèdent pour venir vénérer Notre-Dame, et implorer son intercession.


Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste diocésain