Autrefois dans le diocèse d’Avignon - Novembre

13 novembre 2019

Le monastère de sainte-Catherine

(Les citations et détails sont tirés de Les Trente-Deux Religieuses Martyres d’Orange, Monseigneur André Reyne, abbé Daniel Bréhier, Avignon, 1995.)


Le 25 novembre qui « est la fête de sainte Catherine d’Alexandrie, vierge martyre, à laquelle était dédiée l’église abbatiale des religieuses Cisterciennes, dans celle de nos rues qui porte son nom. L’abbaye de Sainte-Catherine, fondée sur le Mont-de-Vergues près Montfavet en 1060, par la comtesse Odda et réformée par Bernard de Clairvaux, en 1149, fut transférée en 1254, par l’évêque Zoën dans l’intérieur de la ville : son église, bâtie sur le plan de celle de saint –Didier, dans le style gothique en 1402, fut consacrée en 1479. »


Façade de la chapelle du monastère de Sainte-Catherine
rue Sainte-Catherine, Avignon

Deux sœurs de la famille de Justamond, originaire de Bollène, sont entrées dans ce « Dévôt monastère de Sainte Catherine de la règle du glorieux patriarche Saint Benoit et de l’ordre de Saint Bernard de Citeaux » en 1764 et 1772, qui comptait 19 moniales à la veille de la Révolution française.

Leur consécration ou profession religieuse se réalise en promettant à Dieu, par les mains de l’abbesse, « stabilité sous clôture, conversion des […] mœurs, pauvreté, chasteté et obéissance perpétuelle selon la règle de Saint-Benoit de Cîteaux ». Marie de Saint-Henri en 1766 et sa sœur Madeleine du Saint-Sacrement en 1773, après avoir prononcé leurs voeux ont signé l’acte de profession sur l’autel de la chapelle, aujourd’hui conservé dans la collégiale de saint-Agricol.


Autel de la chapelle Sainte-Catherine
dans la collégiale de Saint-Agricol, Avignon

Lorsque le monastère fut pillé en 1790, les deux sœurs rejoignirent Bollène et continuèrent leur vie régulière en secret avec les autres religieuses, malgré l’interdiction. Elles furent arrêtées le 2 mai 1794 et conduites à la prison de la Cure, à Orange.

La bienheureuse Marie de Saint-Henri, née Marguerite Eléonore de Justamond, sera exécutée le 12 juillet 1794, avec trois autres religieuses, condamnée comme « réfractaire, contre révolutionnaire, fanatique, ayant publiquement manifestée en pleine audience des opinions monarchique ».

Sa sœur, la bienheureuse Madeleine du Saint-Sacrement, née Madeleine Françoise de Justamond, montera à l’échafaud avec six autres religieuses, en chantant les litanies de la Vierge-Marie, le 16 juillet 1794. Au moment de sa condamnation, elle exprima sa reconnaissance : « Oh ! Quel bonheur ! Je suis bientôt au ciel, je ne puis soutenir les sentiments de ma joie ». L’un des gardes, même, selon les plus anciennes relations, fut attendri par sa joie.

En allant à l’échafaud, alors qu’un paysan qui les voyait passer s’inclina respectueusement et demanda de pouvoir toucher leur vêtement, avec les autres religieuses elle s’écria : « Ah ! Plutôt, priez Dieu pour nous. Dans moins d’un quart d’heure tous les siècles auront passé à notre égard, le temps sera fini et nous serons dans l’éternité. Priez pour nous, priez ce Dieu qui va nous juger dans un moment, ce Dieu qui trouva des taches dans ses Anges ».


Monsieur l’abbé Ernest Guillaumont, missionnaire apostolique, curé-doyen de Caderousse

Né le 29 mai 1852 à Orange et ordonné prêtre le 18 septembre 1875, l’abbé Guillaumont est entré dans la Congrégation des prêtres missionnaires de Sainte-Garde. Prêtre habitué à Orange à partir de 1901, il est nommé recteur de Mazan en 1911, puis curé-doyen de Caderousse le 15 avril 1914.

Comme missionnaire apostolique il prêcha en de nombreux lieux : Paris, Lyon, Poitiers, Digne, Saint-Claude, la Rochelle, Marseille, Nice, Lunéville, Troyes.

Après avoir préché le panégyrique de saint Florent le 19 octobre 1919, à Orange, il est rentré à Caderousse, et pris sans doute froid sur le chemin. Il assuma les nombreuses responsabilités d’une semaine chargée, notamment les préparatifs de la mission qui devait s’ouvrir le 26 octobre, et au terme dû s’alliter le 25, pour ne plus jamais se relever.

L’archiprêtre de Notre-Dame, à Orange, vint lui apporter les secours de la religion, et ayant reçu les derniers sacrements, dans un dernier souffle, l’abbé Guillaumont offrit sa mort en disant « pour la réussite de la Mission ! ». C’est ainsi que mourait celui dont l’abbé Ruat disait qu’il était « missionnaire dans l’âme et grand dévôt de Marie ».

Abbé Bruno Gerthoux