Il y 100 ans, dans le diocèse d’Avignon : Février 1915

4 février 2015


En ce mois de février 1915, il n’y a pas de nouvelles particulières liées au conflit armé, d’une certaine manière, « la vie continue », même si elle s’adapte à la situation.



Le Carême approchant, le dispositif du mandement et l’instruction pastorale sont publiés dans le bulletin religieux. Les 11 articles du dispositif prévoient les exercices de piété, de pénitence et de charité à mettre en œuvre pendant le Carême, tout en adaptant aux exigences du temps, les rigueurs du jeûne. Dans l’article 11 l’évêque s’exprime en des termes qui pourraient avoir un retentissement très actuel : « dans les douloureuses épreuves que traverse l’Eglise de France, Nous exhortons vivement les fidèles à se montrer, plus que jamais, dignes de leur nom et de leur foi de chrétiens. Leur vie doit être sérieuse, austère même ; et, dans leurs prières plus ferventes, ils auront à cœur de demander à Dieu qu’il arrête les progrès de l’impiété parmi nous, et qu’il fasse triompher, pour le bien de tous, la justice, la liberté et l’amour fraternel ».



Les livraisons du 21 et du 28 févier donnent le début de l’instruction pastorale de Mgr Latty, archevêque d’Avignon, sur l’encyclique Ad Beatissimi et la mission divine de la Papauté. L’archevêque redit, en premier lieu, combien cet état de guerre bouleverse non seulement les familles et les personnes, mais encore « la terre entière est ébranlée sur ses bases… temps de trouble et de mutations, où les événements dépassent de beaucoup les prévisions et la volonté des hommes ; on ne sait ce qui adviendra ‘du soir au matin’, et moins encore qu’elle sera la fin de ce choc effroyable de tant de nations. ». Il pourrait sembler incongru, dans ce contexte, d’aborder le sujet de la mission divine de la papauté, et toutefois, ainsi qu’il l’affirme « vous sentirez aussi une sécurité plus grande et plus douce au cœur, en voyant la suprême autorité de l’Eglise inébranlable et sûre d’elle-même, au milieu des nations qui s’écroulent ou se transforment dans une crise lamentable de douleur et de sang ». Il met ensuite en regard, les puissances et la moyens armés et matériels déployées par les nations et « le pape, (qui) pour accomplir sa mission, n’a qu’un moyen d’action et une arme de défense : sa voix ». Mais alors que précisément à cause de cette liberté de parole du pape qui est au service du peuple chrétien, au-dessus des états et des conflits, et lui attire les nations « même pas chrétiennes » qui viennent « briguer son influence et ses faveurs », l’archevêque ne manque pas de noter : « il y a un vide, pourtant, parmi ces nations rivales qui se meurent et agissent autour du Saint-Siège : la France n’y figure point ». En effet, nous sommes toujours, à cette époque-là, dans des conflits entre « Eglise et Etat », que la séparation de 1905 n’a pas réglés, et qui trouveront une issue, après-guerre, notamment grâce à la généreuse contribution du clergé – en dévouement et en vies - pendant toute cette période.



Le bulletin officiel annonce un service solennel pour Mgr Adrien Sylvain, protonotaire apostolique, vicaire général honoraire et auteur des Paillettes d’Or. Il serait dommage de passer sous silence cet anniversaire de celui dont l’abbé Aurouze écrivait « sa mission finie, le bon père s’en est allé, s’inquiétant peu d’être oublié ».



Originaire de l’Ardèche où il est né le 26 mai 1826, à La Boule, à l’âge de 9 ans, il entre au Petit puis au Grand séminaire d’Avignon. Il est ordonné prêtre le 25 mai 1850. D’abord nommé professeur, il va ensuite passer un an chez des religieux à Paris, puis, à son retour, est nommé aumônier de l’Hospice Isnard, simple asile de vieillards où il va rester 24 ans. « c’est en 1868 que la première Paillette sortit de ce cœur pour aller porter, partout par le monde, l’aumône du bonheur ». Le 1er octobre 1884, il est nommé aumônier du Pensionnat des Sœurs de Saint-Charles (situé alors rue de la Grande-Fusterie), où il se dévoua aux sœurs et aux enfants. Qu’étaient les Paillettes d’or ? « de simples feuilles ; « des feuilles d’automne que le vent emporte et dont il peut faire une couche à quelque pauvre ; » - « une petite aumône, » mais « une aumône aux âmes ». – Tel « un mot lu » et qui éclaire ; « une parole entendue » et qui touche ; « un sourire surpris » et qui réjouit le regard limpide d’un enfant » et qui fait penser à l’innocence ; c’est tout ce que M. Sylvain voulait mettre dans ses Paillettes ; petites « leçons », disait-il, modestes « enseignements », bonnes tout au plus à « faire quelque bien en passant ». Le chroniqueur ajoute « nous savons aussi que de cette aumône faite aux âmes Dieu fit jaillir une extraordinaire source d’or, qui permit à M. Sylvain de créer, de développer ou d’encourager toutes nos écoles, nos séminaires, nos patronages, toutes nos œuvres, sans parler de tous les pauvres qu’il secourut ».