Il y a cent ans dans le diocèse d’Avignon - Décembre 1918

1er décembre 2018

Te Deum d’action de grâce

Le numéro 20 du bulletin du Diocèse d’Avignon, daté du 1°décembre 1918, rend compte du Te Deum célébré le 17 novembre précédent.
A l’invitation de l’archevêque, les autorités civiles et militaires étaient venues remercier Dieu pour la victoire : le maire d’Avignon, le Commandant d’armes, le Commandant de Recrutement «  ainsi que la plupart des notabilités avignonnaises  ». «  Tout Avignon  », en une foule compacte, était venu dans la nef pavoisée, dans «  un enthousiasme contenu (qui) était fait de fierté et d’espérance  ».


S’adressant aux fidèles, et particulièrement aux soldats qui après avoir été à la peine, se trouvaient à l’honneur, l’archevêque a rappelé tout ce qu’avait eu d’inattendu en horreurs et en souffrances ce conflit. La victoire était loin d’être évidente, et pourtant pendant 3 mois, les armées ont mené un combat soutenu, remporté de nombreuses victoires, pour parvenir à cette glorieuse et définitive victoire. Le pasteur, en bon père, rend hommage aux soldats, à leur courage, à leur combat, à leur sens du sacrifice. Si les foules sont présentes pour remercier Dieu, cela ne peut être sans penser aux hommes qui ont donné leur vie, en effet, «  Dieu, par nos héros, a combattu pour nous  ».


L’archevêque d’Avignon compare l’ennemi et sa chute, au destin du tyran de Babylone évoqué par le prophète Isaïe ( IV, 4-19) dans l’Ancien Testament :

«  est-ce là l’homme qui a fait trembler la terre, qui a ébranlé les royaumes, qui a fait du monde un désert, qui en a détruit les villes, et qui n’a pas ouvert les prisons à ceux qu’il avait enchaîné  ?  »

.

La joie de la victoire s’exprime partout :

«  Tous les clochers, le plus beaux comme les plus humbles, toutes nos cathédrales et nos plus modestes sanctuaires, tous ensemble, clochers et églises, sonnent ou chante ce cantique  »

. Et d’ajouter

«  ce cri de triomphe, de joie, de remerciement, d’adoration et de louange, par lequel nous célébrons notre victoire, est aussi un cri de justice envers Dieu. Car la reconnaissance, comme le remarque saint Thomas, fait partie intégrante de la vertu de justice  ; et c’est la justice qui exalte les nations. Malheur aux peuples ingrats  ! Dieu se détourne d’eux.  »


L’archevêque insiste :

«  il est un autre devoir que nous prescrit la justice : c’est la fidélité à la mémoire de nos héros tombés au champ d’honneur. Nous leur devons plus qu’un souvenir : il faudra continuer à prier pour eux. Nous voudrions les voir, à leur rang d’honneur, dans les fêtes du triomphe qu’ils ont assuré par leur vaillance et leur généreux sacrifice…  »



Il conclue en rappelant le Vœu de Guerre, et le fait que le moment est venu de construire

«  l’église qui sera le mémorial de la victoire et nous serons heureux d’inscrire sur ses murailles les noms de tous ceux de nos diocésains qui sont tombés au champ d’honneur ou qui ont succombé dans les hôpitaux.  »



Pendant ce conflit, sur les 90 prêtres du diocèse qui furent mobilisés, 10 sont morts : MM. Les abbés Mayrot, Gaillard, Bouchet, Bourdoncle, Ginoux, Condomines, Bagnol, Delbos, Durand et Reynoird. Parmi les 13 séminaristes mobilisés, M. Fugin a été tué, et M. Galas a disparu.

Abbé Bruno Gerthoux